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THIERRY MÜLLER - Rare & unreleased 1974-1984
Fractal 196 (CD)

Octopus (www.octopus-enligne.com), février 2008 (France)

Le CD de la semaine (1er au 11 février 2008)
C'est peu de le dire, en la personne de Thierry Müller, génialissime musicien de l'underground français des années soixante-dix et quatre-vingts, le terme d'artiste maudit prend tout son sens. Auteur sous ses multiples pseudonymes (dans l'ordre chronologique de 1974 à 1984, Arcane – Ilitch – Breaking Point – Ruth et Crash), il nous offre l'incroyable bonheur de la (re)découverte et c'est un véritable choc. Récit d'une randonne intergalactique, où chaque période expurge les mauvaises habitudes de son temps.
Dès 1974, Müller (aka Arcane), encore fortement influencé par le krautrock de Can et d'Amon Düül, anticipe la révolution des drones qui font tant fureur aujourd'hui. Fascinante d'un répétitisme hanté là par une flûte ("Caravane"), ici par une voix bidouillée ("Punkhardlove"), la guitare laminée à coups d'électronique et de tape recorder préfigure tout autant la musique industrielle allemande (Einstürzende Naubauten, le voilà) que le marasme gothique de l'Angleterre des eighties. L'année suivante, faussement calmé, Müller donne un concert à la Maison du Portugal (sous le pseudo d'Ilitch), dont les vingt-huit minutes nous sont intégralement apportées en trois parties. D'une immense beauté digne des plus belles compositions d'Eliane Radigue, "Un Jour Comme Tant D'Autres" démontre en toute perversité l'incroyable modernité psychédélique dont Müller faisait preuve. Trente-trois années nous séparent de la création de l'œuvre, digne de ce que feront plus tard Deaf Center, et elles nous font fantasmer ce qu'auraient pu donner les amours entre Syd Barrett et Delia Derbyshire. Bien plus accessibles, les beaucoup plus brèves (trois minutes de moyenne) incursions de Müller dans l'imaginaire éléctro-pop (enfin, faut le dire vite) voguent, faut-il le préciser, bien au-delà d'une mêlée pour chaudasses de Saint-Trop' et gigolos de La Rochelle. Probablement dû au son graineux du Korg MS 20, mêlé au Roland SPV 355, les trois parties de "Breaking Point" forment une transition subtile, bien qu'inattendue, vers la suite, toujours contemporaine du naufrage de l'Amoco Cadiz. Et là, c'est la gifle (sous le nom de Ruth, pour la guitariste Ruth Ellyeri), celle qui vous transforme une vie de music lover. Alors que le rock français de l'époque (les mauvaises langues diront que ça n'a guère changé) végétait dans un conformisme à pleurer, les deux titres chantés par l'intrigante Françoise Portes, "Mescalito" et "Mon Pote", vocifèrent de tous leurs poumons enfumés et hurlent de toute leur rage hurlante. Tout bonnement indispensable ! Plus tardifs (1984, sous le nom de Crash, aka Müller et le poète Philippe Doray), mais toujours aussi anti-conformistes, les très kraftwerkiens "Pile Ou Face" et "File Ou Passe" relègueraient presque – c’est Daniel Darc, tout de même – les Taxi Girl au rang d'icône mainstream pour émission du samedi soir. Incontournable, on vous disait.
Fabrice Vanoverberg

La médiathèque de la communauté française de Belgique, Janvier 2008 (Belgique)

Suivant son récent retour sur les scènes, et dans les bacs des disquaires, avec un cinquième album en presque trente ans, Thierry Müller, leader du groupe culte français Ilitch, vient de permettre au label Fractal la réédition de quelques uns de ses meilleurs morceaux, comme l'annonce le titre, rares ou inédits. On le retrouve au sein de pas moins de cinq formations, entre 1974 et 1984. Débutant en 1974 avec son groupe Arcane, Müller avait immédiatement détonné dans le paysage musical français en inaugurant une succession française au Krautrock voisin, en en reprenant les traits les plus obsessionnels, les rythmiques répétitives et les traficotages électroniques. Il poursuivit ensuite avec Ilitch vers 1975, se faisant surnommer par la presse (sans doute à cause de leur album " 10 suicides ") les " Suicide français ". L'enregistrement présenté ici est une longue plage live qui est sans doute la partie la plus expérimentale du disque, et de la carrière de Müller. Les trois autres groupes, Breaking Point, Ruth et Crash (avec Philippe Doray ) étant son versant plus pop. Le disque est un survol passionnant, à travers la carrière d'un seul musicien d'exception, d'une époque exaltante et exaltée, où tentait de se créer une réponse
underground à la new-wave anglaise et allemande. Thierry Müller était alors parmi les artistes les plus originaux à relever le défi, et sa musique reste, des années plus tard, toujours aussi actuelle, que ce soit dans la recherche, l'improvisation ou dans les quelques merveilles de pop synthétique qu'il produisit avec Ruth (comme le morceau " Mescalito " reprit ici) ou Crash (comme le morceau "Pile ou Face" reprit ici). (bd)

Mouvement, n°46-janvier 2008 (France)

Sachons d’emblée adresser de vifs remerciements au label Fractal records, grâce auquel il nous est aujourd’hui permis de (re)découvrir l’œuvre de Thierry Müller, l’enfant secret du rock français, auteur de plusieurs disques fulgurants qui ont traversé le temps avec une majesté souveraine. Couvrant dix ans d’activisme radical, cette compilation de raretés et inédits – ornée d’une pochette magnifique, dont la photo semble tout droit sortie d’un film de Philippe Garrel – nous propulse au cœur d’étendues musicales absolument magnétiques. En présence de si intenses zones de turbulence, hantées par les râles obsédants de guitares (et autres machines) violentées, la stupéfaction le dispute, chez l’auditeur, à l’admiration : ainsi donc, en cette époque déjà lointaine, il existait un jeune homme en rupture avec une société saumâtre, cultivant, non loin d’un Richard Pinhas ou d’un Dashiell Hedayat, sa (stridente) différence au diapason exact des pionniers du krautrock et des outsiders du punk new-yorkais – Suicide en tête. Qu’il s’agisse de pop synthétique – expérimentée au sein de deux duos différents, Ruth et Crash – ou de blues futuriste – manigancé avec Arcane, Breaking Point et Ilitch, son (magistral) projet solo, ici représenté par un impressionnant morceau de 28 minutes – Thierry Müller a excellé dans tous les domaines dans lesquels il s’est aventuré, et continue (Lena’s life & other stories, cinquième album d’Ilitch, est sorti en janvier 2007 sur Fractal Records) de s’aventurer avec une pugnacité intacte.
Jérôme Provençal

Blow up #114, October 2007 (Italy)

Del leggendario “Periodikmindtrouble” abbiamo intessuto peana nel ‘Ripeschiamoli’ del BU #107, con “Rare & Unreleased 1974-1984” si esplora un decennio d’attività di Thierry Muller, attraverso stralci inediti dei diversi progetti che l’hanno coinvolto in quell’arco temporale. Al ‘74 risale Arcane, un terzetto comprendente anche Marc Barety e Pascal Potain che non pubblicò nulla ma che nei tre brani qui compresi, pur improvvisazioni registrate con un due tracce, fortemente sperimentali e dedite all’iterazione convinta, dimostra come invece avrebbe meritato di lasciare ai posteri, in particolare con Caravane, in cui è rilevante la partecipazione al flauto di F. Riches, e l’ossessiva, proto-industrial Punkhardlove. Intanto Thierry già elaborava le idee per la sigla a lui più cara, Ilitch, ed è straordinaria Un jour comme tant d’autres, mezz’ora scarsa di kosmische music magicamente visionaria, col Farfisa protagonista assoluto della prima delle tre tranche, Morning Dream, realizzata dal vivo nel ’75. Bizzarro poi l’esperimento provato nel ’78 con Alain Gaillot come Breaking Point, anch’esso senza sviluppi discografici, sorta di casio pop in acido veramente fuori di testa. Con il synth pop Muller avrebbe avuto rapporti stretti come Ruth, nell’85, mentre le due canzoni di sette anni prima già con Ruth Ellyeri riesumate da questa raccolta, sono grezza punk/wave, brillante in Mon pote. A chiudere il percorso, ennesima dimostrazione dell’eclettismo di Thierry, Crash, cold wave datata ’84 di grande presa in Pile ou face con Philippe Doray alla voce. (7/8) Paolo Bertoni

Les Inrockuptibles, n° 618 – octobre 2007 (France)

Underground. Une anthologie d'un Français des seventies en prise directe avec l'Allemagne du krautrock.
Qui se souvient de Thierry Müller ? À part ceux qui ont en mémoire ses morceaux new-wave proto-techno au sein du groupe Ruth qui datent des années 70 et 80, personne ne connaissaient vraiment l'étendue de l'œuvre de ce musicien plutôt iconoclaste. Heureusement, le label français Fractal – auquel on doit déjà une flopée de rééditions bienvenues, notamment du mythique album de Fille Qui Mousse, groupe psyché français des années 70 – a entrepris de faire resurgir le travail de Müller, débuté dans les années 70, sous une diversité de pseudonymes successifs. On trouve ici des morceaux inédits signés sous les noms d’Arcane, Ilitch, Breaking Point, Ruth et Crash. Le choc de l'écoute est immédiat : Thierry Müller se dévoile comme un cousin très proche des Allemands du krautrock, de Tangerine Dream et Ash Ra Tempel, qui à la même époque construisaient d'impeccables tourneries hypnotiques et n'hésitaient pas à rendre leur rock plus électronique et abstrait. Müller filtre ses guitares à l'aide de synthés primitifs aux sons incontrôlables et, au fil des années couvertes ici, devient de plus en plus maître de sa musique, la fait tendre vers davantage de lumière quasi pop. Mais c'est très tôt, en 1975, qu'il compose le plus beau morceau de cette anthologie sous le nom d'Ilitch : Un jour comme tant d'autres dure vingt-huit minutes et explore plusieurs mondes sonores possibles, tout en voluptés douces-amères, tendues et brutes, mais aussi nostalgiques et comme possédées par un besoin d'imploser. Une demi-heure dont on ressort hagard, amaigri et qui pointe bien que cet album n'est pas une simple compilation d'époque à vite archiver, comme tant d'autres rééditions d'obscurités expérimentales seventies, mais s'écoute comme le portrait passionnant d'un artiste dont la contemporanéité et la proximité avec les années 2000 étaient déjà bien écloses il y a trente ans.
Joseph Ghosn

Aquarius Records (www.aquariusrecords.org) - List #275 / 21 september 2007 (USA)

What could be cooler than a French guy in the '70s, hanging out with naked chicks and teetering stacks of analog synths, making underground DIY futuristic psychedelic new wave punk drone proto-industrial music??? Uh, not much. Particularly when said French guy (Thierry Muller) is so good at it. Longtime AQ list readers might recall us raving some time ago about something called Ilitch and something else called Ruth, both bands/projects of Muller reissued on the Fractal label. Now, those discs are all out of print (why? they should repress!), but the label has just presented us with a collection of mostly previously unreleased material from the man's various projects over the period indicated in the subtitle... and even the stuff that has been available is super rare. None of it included on those previous Fractal cds of Ilitch and Ruth. For the uninitiated, let us say, Thierry Muller was a French pioneer in the realm of electronic/prog/punk weirdness, an "early Industrial" genius indeed! This disc is all the proof you need. There's material from five different Muller led projects: Arcane (1974), Ilitch (1975), Breaking Point (1978), Ruth (1978), and Crash (1984). The progression, if we can generalize, from "band" to "band" is from the more abstract, lo-fi distorted homebaked soundscape-psych displayed by Arcane all the way to the robotic sci-fi FX pop of Crash. But it's all got a kind of tense krautrock meets the new wave vibe, and if you like the likeminded work of Muller's countryman Richard Pinhas (Heldon) you should check this out! You could buy it just for the blissful 28 minutes of Ilitch's 1975 "Un Jour Come Tant d'Autres" and get your money's worth. Highly recommended!

French New Wave (www.french-new-wave.com), sept 2007 (France)

Voici les archives secrètes de Thierry Müller. Ce disque regroupe des morceaux rares issus des différents projets de cet artiste, je ne dirai pas maudit, mais génial et injustement reconnu. A posséder absolument.

 

Popnews (www.popnews.com), Août 2007 (France)

Ce disque, tant espéré, est un évènement ! Imaginez donc, Thierry Müller, artiste maudit, génial, culte s'est enfin décidé à nous ouvrir ses archives.
Ce disque est aussi un rêve pour les fans qui vont enfin arrêter de se ruiner, certains titres ici offerts atteignant des sommes hallucinantes et pour tous les autres qui vont pouvoir en l'espace de onze titres découvrir une œuvre exemplaire et rare.
Tout commence en 1974 avec Arcane dont les enregistrements n'avaient jusqu'alors jamais été édités. Un trio qu'on sent porté par l'héritage libertaire et frondeur du Krautrock. Ses ambiances répétitives, guitares trafiquées et cris réverbérés jettent les bases d'un tribalisme post industriel que des groupes comme Zoviet France approfondiront bien des années plus tard. C'est flagrant sur le génial "Punkhardlove". Visionnaire.
Ensuite vient Ilitch, Thierry Müller en solo et en live en 1975 avec un très long morceau de vingt-huit minutes de psychédélisme sombre qui annonce les ambiances oppressantes de "Periodikmindtrouble". C'est très beau mais certainement pas le versant le plus accessible de l'œuvre de Thierry Müller. Impressionnant.
Ensuite le propos devient nettement plus pop.
Avec les trois instrumentaux de Breaking Point qui sont aussi inédits. On est en 1978 et ce sont les grands débuts synth-pop, balbutiements new wave, boîtes à rythmes et riffs écailleux sont alors au rendez vous. A travers ces boucles de machines et de guitares hésitant entre apaisement et pure mélancolie, on sent pointer les prémices de l'esthétique développée plus tard au sein de Ruth. Touchant.
Et puis après c'est le choc ! Avec les deux incroyables morceaux de Ruth qui suivent. C'est l'explosion punk, inattendue, absolument jubilatoire. On est très loin de la sophistication de "Polaroid/Roman/Photo" avec ses arrangements travaillés et voluptueux. Là, c'est plutôt rythmique savamment désarticulée, guitare et basse cinglées et chant de fillette effrontée. D'ailleurs on ne comprend pas qu'une bombe comme "Mescalito" n'ait été un hit ! Jouissif.
Enfin vient Crash, duo formé avec le poète Philippe Doray du groupe les Associaux Associés et collaborateur de Ruth et d'IIitch. Une formation éphémère qui donnera "Pile ou Face", un morceau longtemps introuvable paru en 1984 dans la revue "Inaudible". Un chef d'œuvre d'électro-pop minimaliste et poétique. Peut être LE morceau d'électro-pop française à retenir comme "Mescalito" pourrait être CELUI d'une certaine scène punk-arty. Essentiel.
Toute l'esthétique exigeante, radicale et visionnaire de Thierry Müller est compilée là, dans un seul disque et dont l'épais livret reproduit tous les somptueux photomontages d'époque.
Une fois cette anthologie écoutée, on se dit que le monde est mal foutu, si à l'époque ces morceaux avaient eu la diffusion méritée le paysage rock français aurait pu avoir une sacrée gueule ! Ah si nous avions eu un John Peel ! Tant pis. Réjouissons nous, comme l'homme est généreux, il nous offre une seconde chance. A nous d'être à la hauteur !
Encore une merveille que l'on doit aux esthètes de Fractal Records. Merci à eux.
Cyril Lacaud

Other Music (www.othermusic.com) 15 August 2007 (USA)

I was just in the South of France hanging out with my friend Armand Thomassian, and Thierry Muller came up in conversation. He talked about Thierry Muller as one of the great French artists, outside of the well-known Gallic singer/songwriters. I was trying to remember one of my personal favorite French artists too. "Uh...I can't recall his name...uh, oh yeah, he did the record 10 Suicides! It's like French Suicide!" But, I still couldn't remember the guy's name. Turns out we were both talking about the same person: Thierry Muller! He's also know as Ilitch (the name I was blanking on), and in the bands Arcane (with Marc Barety and Pascal Potain), Breaking Point (with Alain Gaillot), Ruth (with Ruth Ellyeri, Patrick Muller and Patrick Renard), and Crash (with Philippe Doray), all featured here in unreleased track form. Here's the quick breakdown: Arcane sounds like minimal synth-Spacemen 3 with a dose of Can's "Aumgn." The excellent 28-minute Ilitch cut sounds like a coldwave cover of a track off of Royal Trux's Twin Infinitives. All of this stuff is quality, but I have to say that Ruth was the big surprise; it's like a raw-ass, garage version of Kim Gordon-led, Evol/Sister-era Sonic Youth but with its own French charm/snot embedded within the snarl. Wish there was more than just two tracks. The most recent material here is from the band Crash (1984). It has slightly less lo-fi production and is altogether the lost "friendly" stuff on this CD. "File Ou Passe" sounds like an Olympic theme song made with a Commodore 64!
There are lots of lonely synth dudes who make records, but many sound like they could've just as easily been lab technicians or TV repairmen, and are about as fun to listen to. Then there are dudes like Thierry Muller, along with Chrome, Suicide and Monoton, who are feeling the f**k out of what they are doing. Expressionists, basically. They are taking a risk and discovering things along the road of expression. Excellent.
Scott Mou

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